L'automédication, définie comme le recours à des médicaments sans prescription médicale, est devenue une pratique répandue dans le monde entier, soulevant des questions cruciales en matière de santé publique. Au cœur de l’Afrique, le Congo ne fait pas exception à cette tendance, tandis que ses implications, souvent méconnues, peuvent être lourdes de conséquences pour la population.
Qu’est-ce que l’automédication ?
L’automédication est la prise d’un ou de plusieurs médicaments, par une personne, de sa propre initiative, c’est-à-dire sans prescription médicale et sans avis du pharmacien.
Il peut s’agir :
d’acheter un médicament en vente libre en pharmacie ;
de consommer un ancien médicament, présent à la maison ;
d’avoir recours à des remèdes traditionnels, des médicaments, et parfois même des contrefaçons, auprès de vendeurs ambulants.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), un médicament sur dix dans le monde est une contrefaçon, et ce chiffre monte à sept médicaments sur dix en Afrique.
Quels types de médicaments peut-on trouver en automédication au Congo ?
L’automédication concerne différents types de médicaments, tels que :
Les antibiotiques comme l’amoxicilline ou la pénicilline, souvent utilisés de manière inappropriée pour soigner des infections virales ;
Les antalgiques, tels que les anti-inflammatoires non-stéroïdiens, souvent pris pour soulager la douleur sans consulter un médecin, risquant ainsi de masquer d’autres symptômes plus graves ;
Les antipaludéens, disponibles sans ordonnance et vendus beaucoup moins chers sur le marché de la contrefaçon.
Pourquoi l’automédication est-elle si développée au Congo ?
L’automédication, en croissance constante au Congo trouve son origine dans divers facteurs culturels, socio-économiques et sanitaires.
Accessibilité réduite aux soins de santé
Dans de nombreuses régions d’Afrique, l’accès aux soins reste limité, en particulier dans les zones rurales. Les infrastructures médicales insuffisantes, les coûts élevés des consultations et des médicaments, ainsi qu’un système de sécurité sociale défaillant, peuvent décourager les personnes de consulter, les incitant à chercher des solutions pour se soigner seules.
Martin Okouo, gastro-entérologue, explique que « la base de l’automédication est la pauvreté. L’absence de sécurité sociale fait que les gens y ont recours plutôt que de sortir d’une consultation avec une ordonnance ».
Influence de la médecine traditionnelle
Les traditions médicales ancrées dans la culture africaine ont également une influence significative sur les choix de santé. Certains individus préfèrent recourir à des remèdes traditionnels, souvent transmis de génération en génération, considérant ces approches comme naturelles et alignées avec leurs croyances culturelles.
Faible sensibilisation aux risques
La population congolaise est très mal informée sur les risques liés à la pratique de l’automédication. Bien qu’elle puisse sembler être une solution rapide et moins coûteuse, le manque d’information sur les effets secondaires des médicaments, les interactions potentielles et les dangers liés à un mauvais usage des médicaments peuvent conduire à des conséquences désastreuses pour la santé.
Disponibilité des médicaments sans ordonnance
Au cœur de la question de l’automédication, la disponibilité de médicaments contrefaits, sous- dosés, voire dépourvus de principe actif expose la population à des risques sanitaires considérables. Au Congo, comme dans d’autres régions d’Afrique, des réseaux illicites peuvent profiter de la demande croissante pour introduire sur le marché des produits contrefaits, souvent fabriqués dans des conditions d’hygiène douteuses et sans respect des normes de qualité.
Quels sont les dangers de l’automédication ?
Comme évoqué précédemment, l’un des risques majeurs de l’automédication concerne les médicaments contrefaits. Non seulement, ils peuvent inclure des substances nocives, mais ils peuvent également ne pas contenir la quantité appropriée d’ingrédients actifs nécessaires pour traiter efficacement les maladies. Dans certains cas extrêmes, les médicaments contrefaits peuvent même être délibérément remplacés par des placebos, privant ainsi les individus des traitements nécessaires et les exposant à de graves conséquences sur leur santé.
Les médicaments sous-dosés, une autre facette de ce problème, exposent les personnes à des risques accrus de résistance médicamenteuse. Un antibiotique mal dosé ou mal utilisé, par exemple, peut ne pas éliminer complètement l’infection, laissant la porte ouverte au développement de souches résistantes aux médicaments. Cela aggrave le problème de santé publique en créant des défis supplémentaires pour le traitement des maladies.
En outre, les remèdes très mal conditionnés, exposés en plein soleil et parfois même périmés peuvent se dégrader et se transformer en poison pour l’organisme, entraînant tout un tas de symptômes tels que des vertiges, des nausées, des vomissements ou encore des démangeaisons.
Dans le pire des cas, ils peuvent conduire à une hospitalisation, voire au décès du patient.
Comment lutter contre l’automédication ?
Les efforts visant à atténuer les risques inhérents à la disponibilité des médicaments sans ordonnance devraient s’articuler autour :
d’une régulation rigoureuse du marché pharmaceutique, avec des mécanismes stricts de contrôle des licences et d’inspection des points de vente ;
de contrôles de qualité plus rigoureux sur les médicaments disponibles et la mise en place de sanctions dissuasives pouvant contribuer à réduire la circulation des médicaments contrefaits ;
un encouragement à l’utilisation des médicaments génériques, généralement moins chers.
L’Initiative de Lomé, qui vise à renforcer la réglementation pharmaceutique en Afrique, a été signée par 9 gouvernements africains en janvier 2020, dont le Congo. Cet accord a pour objectif principal de lutter contre le trafic de médicaments falsifiés, en améliorant la surveillance des médicaments, notamment à l’entrée aux frontières et en imposant de lourdes sanctions pénales pour les trafiquants.
En parallèle, des innovations voient le jour, telles que l’identification par smartphone des codes QR pour tracer les médicaments, développée par la NAFDAC (National Agency for Food & Administration and Control) au Nigeria. Le client envoie par texto le numéro dévoilé par le code-barres afin d’avoir une confirmation que le médicament est bien homologué et fabriqué par un laboratoire.
Enfin, des campagnes de sensibilisation ciblées sont nécessaires pour informer la population congolaise sur les dangers de l’automédication. Ces campagnes devraient souligner l’importance de consulter un professionnel de la santé pour un diagnostic précis et un traitement adapté.
Grâce à l'application Synwell Santé, une lueur d'espoir émerge au Congo pour contrer les ravages de l'automédication. Cette pratique répandue, souvent motivée par des difficultés d'accès aux soins de santé, des influences culturelles et un manque de sensibilisation aux risques, trouve une réponse concrète dans cette plateforme novatrice.
L'application Synwell Santé offre une alternative tangible en permettant à la population congolaise d'obtenir rapidement des rendez-vous avec des médecins certifiés, que ce soit en présentiel ou en téléconsultation. Fini les choix hasardeux de médicaments en automédication, cette application encourage une approche responsable de la santé en facilitant l'accès à des professionnels de la santé qualifiés.
En éliminant les barrières qui poussent à l'automédication, Synwell Santé contribue à la régulation du marché pharmaceutique en offrant des consultations sécurisées. Cette initiative s'aligne avec les recommandations de l'Initiative de Lomé, signée par le Congo, en renforçant la surveillance des médicaments et en imposant des sanctions sévères aux trafiquants.
De plus, en favorisant l'utilisation de médicaments génériques et en promouvant des campagnes de sensibilisation ciblées, Synwell Santé participe activement à la lutte contre les risques liés à l'automédication. En intégrant ces mesures, l'application devient une alliée majeure dans l'effort global pour un système de santé congolais plus sûr, mieux régulé, et garantissant la santé durable de sa population.
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